Tuesday, June 3, 2025

Chimiothérapie : au-delà de ce que dit l’oncologue

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vivre sous perfusion
Apercu: On parle souvent des effets secondaires de la chimiothérapie : fatigue, nausées, perte de cheveux. Mais lorsqu’il s’agit d’une dose dense de chimiothérapie, l’intensité change tout. Ce que même l’oncologue ne dit pas toujours, c’est à quel point le corps, l’esprit et l’intimité peuvent être bouleversés. Ce témoignage personnel révèle la face cachée d’un traitement qui sauve… mais transforme.

➡️ La chimiothérapie est souvent décrite comme une arme indispensable contre le cancer. Dans les brochures, les protocoles médicaux ou les discussions avec l’oncologue, on parle de traitements ciblés, de types de chimiothérapie, et parfois de chimiothérapie adjuvante. Mais ce qu’on ne vous dit pas toujours, c’est comment le corps et l’esprit changent profondément - et ce que cela signifie vraiment de vivre sous perfusion pour chaque jour.

Moi, j’ai été traité pour un cancer de la prostate avec ce qu’on appelle une dose dense de chimiothérapie. Je ne savais même pas que ça existait.

🔹 La "dose dense" – c’est là que l’enfer a commencé

Le terme dose dense semble technique. Mais sur le terrain, cela veut dire que l’intervalle entre les perfusions est raccourci et que le corps n’a pratiquement pas de temps pour récupérer. Au début, j’ai cru que c’était un traitement comme un autre.

Puis les effets se sont empilés. Et rapidement.

🔹 Effets secondaires : ce que les mots ne traduisent pas

Les effets secondaires de la chimiothérapie sont bien documentés : nausées, chute des cheveux, fatigue extrême. Mais on ne m’avait pas prévenu de la vitesse à laquelle ces effets pouvaient frapper.

Mes ongles ont noirci en une nuit. Mes muscles ont commencé à brûler dès le quatrième mois, chaque mouvement devenait une lutte. Mon oncologue m’a dit que c’était « dans les normes » - mais pour moi, rien n’était normal.

🔹 Entre deux mondes : la brume dans le cerveau

Il ne s’agit pas seulement de fatigue. C’est comme une brume, un voile entre soi et le monde réel. Ce que j’appelais autrefois “être présent” s’est effondré. J’avais cette impression constante de flotter, comme si mon corps fonctionnait sans que j’en sois vraiment là.

Cette perte de conscience, je l’ai vécue pendant et après le traitement. Même aujourd’hui, des mois plus tard, je sens que je ne suis pas encore tout à fait revenu à moi-même.

🔹 Mon corps, une zone toxique

Autre surprise : on ne m’a pas averti que mes fluides corporels pouvaient devenir toxiques. Lors d’un rendez-vous, une infirmière m’a brièvement parlé de la prudence à avoir après les perfusions - notamment avec ma partenaire. Mais ce n’était qu’une note de bas de page. Ce détail, pourtant capital, aurait dû être dit clairement : pendant plusieurs jours, le contact intime peut être dangereux.

🔹 Et l’injection qui change tout : Neulasta

Après chaque cycle de chimio, on m’injectait du Neulasta pour stimuler la production de globules blancs. C’est utile, vital même. Mais personne ne m’a parlé des douleurs osseuses intenses que cela provoquerait. J’ai commencé à différer volontairement l’injection juste pour profiter de quelques heures de calme. C’était mon seul répit.

🔹 L’extravasation – la peur en silence

Je n’ai pas vécu personnellement une extravasation des types de chimiothérapie, mais j’ai vu un autre patient souffrir d’une telle complication. Ce genre d’accident - lorsque le produit s’échappe de la veine et brûle les tissus - peut laisser des séquelles. Là encore, on en parle peu, ou trop tard.

➡️ Conclusion : ce qu’on apprend à survivre

La chimiothérapie adjuvante, la définition clinique de la chimiothérapie, tout cela devient abstrait quand on est au cœur du processus. Ce témoignage n’est pas une plainte, ni un appel à la peur. Mais il fallait que je dise la vérité telle que je l’ai vécue.

Ce témoignage n’est pas un avis médical. C’est une expérience personnelle partagée avec la permission de mon ami Hervée, à qui je dis merci pour sa confiance.

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